Nous pourrions croire, au vu des progrès réalisés par nos clubs, en matière de tolérance ou de puissance, lors des dernières saisons, que les fabricants de clubs se livrent une guerre sans merci pour trouver de nouvelles matières ou de nouveaux procédés de fabrication afin de booster le rendement de ces derniers. La réalité est toute autre. Car cette lutte, si elle est bien réelle, intègre un acteur inattendu mais souverain : l’argent.

 

  • La leçon du magnésium.

 

Dans les années 2000, Callaway se révèle comme le premier fabricant à proposer d’utiliser le magnésium afin de réaliser la coque de son driver FT-Mag. Pourquoi un choix aussi atypique dans un monde où le titane, le tungstène et le carbone sont les matériaux maîtres ? Parce que le Magnésium colle à un cahier des charges précis en matière de poids et de résistance et que son abondance sur notre planète en fait une source exploitable sur le long terme, facile d’accès, et aux répercussions écologiques faibles car aisément recyclable. 

Phil Mickelson, alors sous contrat avec la marque américaine, a par ailleurs indiqué, après une séance de test, n’avoir jamais vu un shot-shaping aussi précis que celui réalisé avec ce club. 

Le magnésium figure alors le nouveau matériau de l’espoir.  

 

  • Du magnésium au carbone

 

Mais ce nouveau venu (le magnésium) pêche par une particularité qui n’a rien à voir avec ses propriétés mécaniques : son coût. Trop cher bien qu’ abondant ? Non, plutôt l’inverse. Pas assez cher et donc accessible par tous les clubs makers qui sont prêts à ferrailler sur le domaine de la créativité technique puisque libérés de la contrainte de l’accès au matériau à partir duquel les clubs seront fabriqués (le magnésium, justement). 

A ce stade-là, les fabricants majeurs ont marqué un stop et ont pris le temps de réfléchir : s’ils poursuivaient dans cette voie, ils seraient menacés par les fabricants de second plan et ne capitaliseraient pas sur l’avance qui est la leur d’un point de vue financier. Leur suprématie commerciale risquant de se trouver en danger, le magnésium disparut de la liste des produits performants aussi vite qu’il y était entré. Il ne fallait pas risquer qu’un concurrent “mineur” puisse dépasser les dinosaures du marché par une invention sortie d’on ne sait où, mais plus efficace que les leurs. 

 

  • Le club des “Tout Carbone”

 

Mais alors quoi ? Quel est le matériau qui pèse moins que le titane et qui est tout aussi résistant que ce dernier ? N’oublions pas qu’il faut aussi que celui-ci soit cher à produire, ou tout au moins qu’il soit le fruit d’une technologie coûteuse, afin de décourager les fabricants mineurs, aux moyens plus limités.

En réfléchissant bien – ce que les club-makers n’ont pas manqué de faire – il y en aurait bien un qui ferait l’affaire et qui coche toutes les cases du cahier des charges sauf une : la fibre de carbone compressée ou, pour le plaisir du mot : le carbone forgé. Quant à la case vierge, elle concerne l’incapacité du carbone à performer une fois humide. L’insertion d’une couche de polymères sur la face de club règle la question et tant pis si le produit n’est plus vraiment issu du concept “tout carbone”. Le marketing se chargera de faire passer la pilule.

 

  • Le consommateur

 

Dans la story du club “tout Carbone”, le consommateur est, en fin de compte, le grand perdant de l’affaire. Car si on analyse froidement la chronologie des évènements ainsi que les raisons qui ont motivé l’essentiel des choix, nous réalisons que les fabricants majeurs ont:

 

  1. Délaissé un matériau aux propriétés supérieures au titane, à l’acier ou au carbone pour lancer une nouvelle dynamique de marketing.
  2. Choisi de promouvoir un produit non approprié et polluant (le carbone) pour des raisons purement mercantiles
  3. Ont, ce faisant, éliminé une concurrence désireuse de proposer plus de résultats pour les joueurs, à partir de matériaux bon marché
  4. Décidé dès les années 2000, d’imposer une augmentation injustifiée du coût du matériel de jeu au détriment de la qualité de l’outil (le club). Car la technologie du carbone est coûteuse pour un résultat peu convaincant.     

 

Forts de ces informations, il nous paraît difficile de soutenir l’idée que la mode du tout carbone, par exemple, soit motivée par une amélioration véritable des performances de nos clubs. Nous sommes contraints de reconnaître que le marketing, et le commerce en général,  ont pris le pas depuis de nombreuses années sur les besoins des joueurs et leur recherche d’une amélioration sensible du matériel de jeu.

Le carbone n’étant pas promis à un avenir aussi radieux qu’annoncé, nous resterons dorénavant attentifs au matériaux qui nous seront proposés pour la réalisation de nos clubs, et si demain c’est le calcium qui remporte le titre de “matériau de l’avenir”, nous nous y reprendrons à deux fois afin d’être certains qu’il n’y a pas un os dans l’affaire. Littéralement.    

 

FdeC.

Avisgolf.

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