FITTING DE CLUBS OU FITTING DE SWING ?

Le fitting est bien ancré dans le golf moderne. Car, mis à part les golfeurs aux mensurations classiques, plus personne ne veut d’une série qui ne serait pas ajustée à sa morphologie de façon spécifique. Et c’est normal. Mais une fois réalisées les modifications de lie, de longueur des shafts, et de calibrage des grips, la grand-messe du sur-mesure continue, s’attaquant généralement aux flexions des manches et à l’équilibrage des têtes de clubs.

Dans les faits, lors du moment crucial du choix de la flexion du manche, le fitteur proposera généralement au joueur d’aller vers la flexion qui fournit la plus grande vitesse à la balle, c’est-à-dire le manche le plus souple – et souvent le plus léger – de sa catégorie. A l’arrivée, le golfeur est heureux et trouve ses clubs incroyablement faciles à jouer. 

Dans un monde logique, à l’arrivée, cela donne généralement une armée de golfeurs “ludiques” – ou “loisirs” – qui tapent la balle en recherchant du confort de jeu plus que de la performance.

Une fois encore, cela n’est pas un mal, et c’est, au contraire, cette façon de vivre son golf qui assure au mieux le développement et la démocratisation de notre sport.

Mais le golf français n’est pas fait que de cela. Nombre de nos compatriotes, quel que soit leur âge, sont des compétiteurs nés et sont prêts à tout pour gagner en efficacité et en performances. Leur quête est incessante.

Et si pour ceux-ci, nous changions la donne ? Si nous leur proposions de raisonner dans l’autre sens, cela serait-il aussi stupide que cela ? Dans quel sens ? Tout simplement celui qui consisterait à fitter leur swing pour qu’il colle aux impératifs de résultat que demande un club réputé leur convenir plutôt que de fitter leurs clubs pour que ces derniers collent au mieux à un swing imparfait !

Car ne vous imaginez pas que le confort ne s’accompagne pas d’un coût. Les shafts si souples et délicats que vous avez fait monter sur vos clubs vont favoriser une action plus importante des poignets lors de votre geste. Vous n’y échapperez pas. Ce type de shaft ne vous incitera pas à créer une amplitude suffisante qui est pourtant l’un des facteurs essentiels de la distance au golf. Dans le même registre, cette souplesse et ce “whip” si excitants ne vous aideront pas à développer un jeu d’une grande précision car ils vous feront jouer sur une articulation aléatoire : le poignet. Tandis que celui qui aura choisi des manches plus raides, mais plus conformes au niveau de jeu qu’il souhaite atteindre – et à l’exacte vitesse recommandée pour sa vitesse de passage – sera dans l’obligation de mieux contrôler ses mains pour parvenir à un résultat satisfaisant. Il sera obligé également de poursuivre sa traversée plus longtemps, d’utiliser davantage ses bras pour y parvenir, et génèrera finalement plus d’amplitude et donc plus de longueur de balle. 

Pour résumer cette idée, disons que celui qui transforme ses clubs pour plus de confort l’obtiendra généralement au détriment de la performance tandis que celui qui déciderait de fitter son swing en fonction d’un club étalon dans la catégorie qui est la sienne se verra imposer plus de contraintes et d’efforts mais cela lui procurera, au final, davantage de résultats.

Alors que faut-il privilégier ? Le fitting des clubs par rapport au swing du joueur ou celui du swing du joueur en fonction du type de club ?

La réponse vous appartient. Pour ma part, il me semble qu’un compromis raisonnable, entre les deux, peut être envisagé. Quoique …

La plupart des fabricants de clubs, de leur côté, n’en pensent rien du tout. Ou peut-être ont-ils – au contraire – parfaitement compris l’affaire puisqu’ils font l’apologie du fitting auprès du grand public tout en obligeant les revendeurs à leur acheter du stock standard. Histoire de satisfaire à la fois les adeptes du club fitté et ceux du swing “adéquat”…, imagine-t-on.

Mais, finalement, ce serait leur prêter un bien grand sens de la pédagogie; un mot qui n’a peut-être pas sa place dans leur dictionnaire où jusque-là seules les deux syllabes qui composent le mot profit ont le droit de cité.

Que cela ne vous empêche pas de méditer sur la chose. Car, au bout du compte, n’est ce pas la notion d’effort qui est sur la sellette ? 

Personnellement, j’aurais tendance à penser que oui…

FdeC.