Golf mondial : Tiger Woods et la proposition de la dernière chance.

Inutile d’être un grand maître de la divination pour réaliser que le LIV  Golf saoudien est en train de pulvériser le golf professionnel mondial et de déstructurer pièce par pièce l’historique PGA Tour en le dépouillant de certains de ses joueurs les plus célèbres. Pour être honnête, ce n’est pas le LIV Golf et sa formule de jeu insipide et lénifiante qui aura gagné cette bataille mais tout simplement l’argent, que les saoudiens distribuent comme des bonbons à des enfants déjà obèses.

Tandis que, fidèle à son habitude, l’ambassadeur du LIV Golf – Greg Norman – a misé sur un passage en force et sur un antagonisme violent entre lui et le PGA Tour, un champion d’un tout autre calibre – Tiger Woods – a fait fonctionner, quant à lui, son cerveau pour faire une proposition qui pourrait bien représenter la dernière chance de sauvegarder une cohérence dans le classement mondial et dans l’organisation des épreuves internationales telles que la Ryder Cup. Son idée : offrir aux 60 meilleurs joueurs du World Ranking un circuit supplémentaire, comportant 18 épreuves sans cut, doté de 20 M$ par tournoi, qui s’insèrera dans le nouveau calendrier condensé du PGA Tour (épreuves courant désormais de janvier à août). Pour ceux qui ne verraient pas la différence avec le format du LIV Golf, disons simplement que ce circuit ne serait pas déstructurant pour le golf mondial et garantirait une qualité de spectacle qu’on ne trouve pas chez les saoudiens où de véritables champions affrontent des amateurs ainsi que des pré-retraités (selon leurs propres termes). Bien sûr, l’adoption de ce nouveau circuit par le PGA Tour obligera ce dernier à effectuer un changement de statut (de non profit organisation à profit organisation) mais lui permettra par ailleurs une plus grande liberté de gestion malgré les taxes moyenne annuelles de 50M$ qui seront versées au fisc américain.

Sachant que nous aurons d’un côté un circuit offrant 20 M$ par tournoi, dont les participants garderont leurs points au classement mondial et de l’autre (LIV Golf) un circuit doté à 25 M$ par épreuve mais qui exclut tous ses participants des classements planétaires, nous voyons mal comment les joueurs pourraient renâcler à rentrer dans le rang et à divorcer d’avec les saoudiens. Pourtant, depuis l’annonce de cette contre-mesure, l’hémorragie de stars quittant le PGA Tour se poursuit. Le problème serait-il ailleurs, dans une sorte de phénomène d’usure qui se serait installé au fil des ans entre les joueurs et leur organisateur de tournois ? La personnalité de Tiger Woods et de son bras droit sur ce dossier (Rory McIlroy) poserait-elle une ombre sur cette proposition qui est pourtant marquée du sceau du bon sens ? Est-ce que le gain financier que ces joueurs en tireraient pose un problème ? 

L’avenir nous le dira mais notons tout de même qu’on a jamais demandé à Norman ou à Gary Player le montant du chèque que les saoudiens du LIV leur ont signé pour chanter leur gloire.

Toutefois, aujourd’hui, c’est Jay Monahan, le patron du PGA Tour, qui est au centre de toutes les attentions sur le sujet. Ce dernier a donné quelques informations complémentaires qui ont redonné espoir aux fidèles du PGA Tour de la première heure, et fait frémir les renégats du LIV Golf : les joueurs dissidents n’auraient pas le droit à l’avenir de faire marche arrière et de réintégrer le PGA Tour. Rien que ça. 

Excessif, vous dites-vous, et vous avez raison. Une année ou deux de “franchise” avant de réintégrer les rangs mondiaux auraient suffi. Mais s’en tirer sans aucune sanction : non. Car les joueurs qui ont abandonné le PGA Tour pour le LIV savaient parfaitement qu’ils mettaient le golf mondial en péril. A eux de prendre leurs responsabilités.

Par cette nouvelle proposition, la guerre entre le PGA Tour et le LIV Golf à changé d’âme, c’est certain.

Voyons maintenant le temps que prendront les mouches pour changer d’âne…

F2C.