Au commencement, il y eut les noms. Le club le plus long du sac se nommait le driver (ou Play-club) car il ouvrait la voie, puis venait le brassie, le cleek, le spoon -du fait de sa forme en cuillère-, et le baffie. Puis, côté fers, nous avions le driving-iron,  le mid-iron, le mid-mashie, le mashie-iron, le mashie, le spade-mashie, le niblick, le mashie-niblick, le pitching-niblick, le niblick, le jigger, et enfin le putter qui servait tout simplement à mettre la balle dans le trou.

Puis un jour, au tout début du XXème siècle, il fut constaté que tous ces noms n’étaient pas faits pour faciliter l’apprentissage du jeu et il fut décidé de les remplacer par des numéros, bien plus faciles à retenir. Le club d’engagement devint le bois numéro Un, le brassie, le bois 3, le spoon, le bois 5, le niblick, le fer 9 et le mashie (issu du français “massue”), le fer 5.

Curieusement, cependant, quatre de ces clubs ne se conformèrent pas à la règle des chiffres et conservèrent leur nom d’origine. Il s’agit du bois numéro Un qui garda le patronyme de driver, le pitching-wedge (qui aurait dû s’appeler numéro 10), le sand-wedge (inventé en 1932 par Gene Sarazen, il aurait dû se nommer fer 11) et le putter qui aurait pu récolter le chiffre 14 ou le Zéro, du fait de son loft quasi-inexistant (5° en moyenne).

Pour information, la terminologie Wedge englobait à l’époque tous les clubs loftés à plus de 44 degrés.

En ces temps modernes, la numérotation des clubs couvrait tous les lofts allant de 9 à 60 degrés dans un échelonnement régulier calculé tous les 4 degrés car tous les lofts semblaient utiles et nécessaires aux joueurs. 

Puis la technologie et sa cohorte de data est apparue et a bousculé un ordre qui semblait logique et intemporel.

Car les habitudes des joueurs ont évolué elles aussi. Depuis les années 70, les zones de lofts utilisées vont principalement de 9 à 18 degrés pour les bois, driver inclus, puis de 20 à 26 degrés pour les hybrides et enfin de 27 à 48 degrés pour les fers allant du fer 5 au Pitching-wedge. Puis plus rien si ce n’est un pauvre sand-wedge perdu dans le désert avec son loft moyen de 56 degrés.

Mais l’apparition de la balle “américaine”, qui donna plus d’importance au petit jeu, couplée à l’analyse du data moderne, a incité les fabricants à enrichir la gamme des clubs d’approche et nous avons vu apparaître des clubs aux noms étranges, comme le Gap-wedge, le Lob-wedge, l’Approach-wedge ou encore l’Utility-wedge, pour apporter davantage de solutions dans ce secteur de jeu. Notons également que la multiplication de ces nouveaux clubs s’est faite au détriment des longs fers qui ont quasiment disparu des sacs traditionnels.

De ce fait, la situation est devenue à nouveau compliquée. Car tout golfeur qui se respecte se doit de connaître l’appellation de ses outils. Faudra-t-il pour cela que nous apprenions de nouveau tous les noms d’origine des clubs et y ajoutions nos dernières créations pour être parfaitement complets? Le mixage des deux méthodes est-il politiquement correct ( comment place-t-on mashie et fer 11 dans la même phrase?)? Ou peut-on imaginer un monde merveilleux où un numéro serait associé à un loft quel qu’il soit dans une plage définie entre 9 et 64 degrés (par exemple un club ayant 58 degrés de loft serait nommé d’emblée “fer 13” car tous les clubs dont le loft se situe entre 56 et 60 degrés s’appelleraient ainsi) ? Cette formule permettrait de mieux appréhender le flou qui existe actuellement entre la numérotation des hybrides et celle des fers, dont la frontière est souvent impalpable (à quel fer correspond mon hybride 5? Fer 3, Fer 4?).

Peu importe finalement. Nous savons par expérience que le golfeur est prêt à tout pour pratiquer correctement son art. Mais si une chose est sûre, c’est qu’il faudrait trancher, car le modernisme fonctionne mal lorsqu’il a un pied planté dans le XVIIIème siècle et l’autre dans l’aube du troisième millénaire…

FdeC.

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