Paris sportifs et PGA Tour : le swing qu’on a pas vu venir…

Parfois, l’art de la guerre amène l’un des belligérants à inventer une stratégie “réactive” qui peut surprendre jusqu’à ses propres soldats. Ainsi, il y a cinq ans, Jay Monahan, le patron du PGA Tour, déclarait dans une entrevue qu’il ne voyait pas les paris sportifs s’installer dans les clubs de golf qui hébergeaient ses tournois. Que cela ne faisait pas partie des objectifs visés par le premier circuit de golf professionnel du monde. 

Mais les choses ont changé depuis : les saoudiens du LIV Golf ont tenté de s’accaparer le jeu professionnel afin de mettre la main sur le domaine des paris sportifs et ont dépensé des milliards de dollars pour y parvenir, avec la claire intention de les récupérer, à terme, dans la poche des parieurs. 

Au fil des mois (près de 2 ans) les différentes répliques du PGA Tour pour faire cesser le transfert de ses champions sur le Tour saoudien ont consisté à interdire à ces “joueurs dissidents” de participer aux deux circuits, ce qui a été suivi par la non-reconnaissance par l’OWGR (Official World Golf Ranking) des points attribués aux joueurs du LIV Golf. Sur un autre front, à l’exception de The Open, la participation de ces mêmes joueurs aux tournois majeurs n’est pas non plus acquise.

Passées les premières mesures coercitives du PGA Tour, nous avons vu une sérieuse augmentation budgétaire du “Player’s Impact Program”, le système qui récompense l’activité médiatique des joueurs du PGA Tour, ainsi que l’annonce de la création d’un nouveau circuit Premium réservé aux 60 meilleurs golfeurs de la planète, toujours selon le classement de l’OWGR. Ce circuit sur-doté et estampillé “PGA Tour friendly”, sera dirigé par ses fondateurs, Tiger Woods et Rory McIlroy .

Alors qui pouvait imaginer qu’afin de consolider sa résistance acharnée, le PGA Tour irait chasser sur les terres saoudiennes du pari sportif ? Personne. Et pourtant il s’agit d’un coup de Maître. 

Car si le LIV Golf a promis de rendre le golf plus ludique et populaire, nous n’avons rien vu venir à ce jour. Les tournois ne sont pas télévisés, les paris pas encore organisés, le public absent – tout comme les sponsors des joueurs qui avaient au moins le mérite d’animer les tournois – et les classements par équipes obscurs.

En annonçant qu’un “sportsbook” serait installé à temps complet sur le parcours du TPC Scottsdale, Arizona, où se déroule chaque année le Phoenix Open, Monahan a lâché une bombe. Pour les non-initiés, un sportsbook est un lieu dédié aux paris sportifs implanté in situ. C’est à dire un lieu où l’on va à l’occasion d’un tournoi, avec ses enfants, où on peut suivre les joueurs à pieds ou sur les grands écrans des fan-zones, boire une bière et perdre quelques dollars en misant sur le type qu’on vient de voir enfiler un putt de 12 mètres et qui n’est qu’à 3 coups du leader.

Si on y réfléchit bien, en disposant des sportsbook dans des clubs stratégiques (4 à ce jour en Arizona et de nombreux autres à venir aux USA) le PGA Tour vient manger dans la gamelle des saoudiens en donnant aux jeux d’argent une dimension ludique et conviviale, ce que les copains de Greg Norman avaient promis pour finalement s’inscrire dans une stratégie de démolition.

Avec cette nouvelle position concernant les paris, et après avoir largement augmenté le montant des dotations pour les joueurs, tout en conservant la légitimité du classement OWGR, on ne voit plus très bien qui serait assez fou pour rejoindre les rangs du LIV Golf.

Finalement, Jay Monaghan serait peut-être l’homme de la situation pour gagner cette guerre…  

FdeC.