Rachat de NASSAU : TaylorMade confisque les balles !

Quelques rares golfeurs se souviennent d’avoir joué, un jour ou l’autre, une balle – de qualité médiocre – marquée “NASSAU”. 

Son logo faisait penser à l’une de ces marques qui tentent une percée dans le monde du golf et qui disparaissent tout aussi vite – et discrètement – qu’elles sont apparues. 

Mais en fait, l’histoire est toute autre. La réalité est que NASSAU, entreprise Sud-Coréenne, apparaît rarement de façon frontale sur ses produits alors qu’elle fait partie des très rares fabricants de balles, au monde, maîtrisant la technologie de l’uréthane moulé pour la fabrication des modèles haut de gamme. Très rare signifiant quatre ou cinq, répartis sur l’ensemble de la planète … NASSAU fournit donc les balles (ou des composantes de celles-ci) pour des marques comme TaylorMade, SNELL, Kirkland Signature, ainsi que pour une myriade de petites enseignes, souvent inconnues en Europe continentale, qui commercialisent des balles de jeu aussi bien que des balles de practice.

La consommation des balles marquées aux couleurs de TaylorMade ayant connu un développement fulgurant ces dernières années (+176% en 5 ans) le fabricant californien a décidé en 2021 de se porter acquéreur de NASSAU avec qui il travaille depuis 15 ans. Jusque-là, rien d’anormal. Mais bien sûr, cela ne suffisait pas. 

TaylorMade a donc décidé, suite à cette acquisition qui date de quelques semaines, de stopper la distribution de balles pour les marques tierces, pour ne se concentrer que sur la production de ses propres modèles. La seule exception à cette règle concerne les balles SNELL dont le propriétaire, Dean Snell, est un transfuge de Titleist qui a participé à la conception de la Titleist Pro V1, puis de la TP5, et qui a ensuite servi d’entremetteur dans la relation NASSAU / TaylorMade. 

Evidemment, les conséquences de cette décision sont multiples.

Tout d’abord elle marque la mise à mort de la plupart des petites marques qui ne trouveront jamais, dans le contexte actuel, un autre fournisseur pour leurs produits. A cette remarque, TaylorMade se justifie en disant que les balles en question n’apportant rien de plus aux utilisateurs, ceux-ci pourront obtenir des modèles aux qualités dynamiques identiques dans leur propre gamme. Et tant pis pour les marques qui ne proposaient pas une balle de meilleure qualité mais simplement une cosmétique différente afin d’offrir une expérience de jeu originale aux golfeurs (cf. la balle française SUPRAMADE).

En second lieu, elle renforce la position dominante de la marque en éliminant la concurrence par le biais de sa puissance financière. Les consommateurs n’ont pas leur mot à dire dans cette affaire et n’auront plus le loisir de choisir le modèle qui leur porte chance, à moins que celui-ci ne soit estampillé TaylorMade. Autant dire que l’étau se resserre … 

Enfin, la manière employée vis-à-vis des petites marques n’est digne ni de TaylorMade, ni du golf en général. Car aucune des entités NASSAU ou TaylorMade n’a pris la peine de prévenir les marques mineures qu’ils ne seraient dorénavant plus leur fournisseur de balles. Ils se sont simplement fendus d’un email, suite au questionnement de leurs clients, confirmant qu’ils se retiraient de ce marché.

Bien sûr, TaylorMade est fier de posséder sa ligne de fabrication complète à l’instar de Titleist ou Callaway. Mais Titleist n’a sacrifié personne pour imposer ses produits … TaylorMade peut-il en dire autant ?

Si rien n’est fait pour sanctionner cet abus de position dominante, les joueurs de golf vont finir par devoir choisir leurs balles dans le giron de trois fabricants, pas plus. La pertinence des tarifs de ces dernières sera alors une vue de l’esprit. 

Afin de remédier à ce type de pratique, la seule solution consisterait à diminuer la puissance financière des géants que sont les marques majeures. La multiplication des offres est le seul moyen d’y parvenir. C’est précisément cette voie que tente de barrer le fabricant californien.

A la veille de mesures concernant probablement les balles afin de respecter les nouvelles orientations dictées par St Andrews et l’USGA à propos des distances parcourues au drive, le coup joué par TaylorMade est intelligent. 

Pour les joueurs que nous sommes, par contre, il s’agit d’une toute autre histoire …

FdeC.