Une fois n’est pas coutume, nous allons vous demander de répondre (mentalement) à un petit questionnaire avant d’aller plus loin dans la lecture de cet article.

Pouvez-vous classer les sports suivants, par ordre décroissant de dangerosité : en 1 celui qui selon vous occasionne le plus de blessures.
Prenez 2 minutes pour répondre et poursuivez ensuite la lecture de cet article.

Athlétisme
Badminton / Squash
Basket-Ball
Cyclisme
Football
Football américain
Golf
Hockey
Tennis
Rugby

A en croire 2 études parues récemment sur le sujet, on peut se demander si la chanson d’Henri Salvador “Le travail c’est la santé, rien faire c’est la conserver” ne pourrait pas se décliner dans les mêmes termes pour le golf. Les 2 études sont les suivantes :
1- Celle faite en 2018 par le “National Health Statistics Report”, portant sur les sportifs âgés de 5 à 24 ans. Les données sont celles recueillies entre 2010 et 2016 par les hôpitaux des USA, sachant que chaque année ils recensent 2,7 millions de consultations en ambulatoire.
2- L’enquête de 2020, faite par la revue “Golfsupport” qui porte sur 5732 britanniques.
L’étude américaine démontre que non seulement les sports les plus agressifs ne sont pas les plus dangereux, mais que de surcroît le golf (avec 1,8 blessures pour 1000 joueurs) arrive devant le rugby, le hockey et le volley-ball (1,5 / 1000) et même les sports de combat (1,2 / 1000) !
L’enquête anglaise est moins précise que l’étude américaine car elle ne fournit aucune information démographique sur la population interrogée, mais elle donne des indications allant dans le même sens.

Quelles sont les blessures les plus fréquentes ?
D’après l’enquête britannique, les blessures les plus fréquentes au golf sont :
Dos : 65%
Golfer’s elbow : 59%
Epaule : 54%
Poignet : 47%
Genoux : 32%
Il s’agit ici de données déclaratives où chaque participant indique les blessures qu’il a connu un jour où l’autre en pratiquant le golf.
Ces données sont à comparer à celles issues d’une 3ème étude, celle de Mac Carroll, USA, qui porte sur les joueurs du “Tournament Players Association” :
– Pathologies pour les professionnels : le poignet gauche, le rachis lombaire et la main gauche.
– Pathologies pour les amateurs : les lombaires 24,2%, le coude 23,4%, la main 14,1%, l’épaule 8,3% et le genou 6,5%.
Margot MOREL, Ostéopathe, a publié en 2015 un article sur ce thème. Elle indique plusieurs catégories de pathologies, en fonction des gestes effectués par le golfeur:
“ – Les pathologies « d’impact » qui pourront donner ce qu’on appelle un conflit sous -acromial (sollicitation de grande amplitude du bras selon plusieurs plans dans l’espace, siège de mouvement de grandes rotations, impact avec le sol).

– Les pathologies du « Follow-through » : compression du nerf circonflexe, sus scapulaire.

– Les pathologies du finish : traversée thoraco-brachiale, entorse de cheville.

– Les pathologies du swing et backswing : fracture de fatigue, golf elbow, rupture du long extenseur du pouce, luxation cubitale postérieure, différents types de lombalgies (etc…).

Pour résumer ses propos, les solutions sont à envisager dans 3 directions :

1- La posture / Le grip / La technique  

2- Les conditions d’entraînements

3- Le matériel” 

Point n°1 : La posture / Le grip / La technique  

Au golf, sans l’apport technique régulier d’un professionnel, plusieurs problèmes vont inévitablement survenir. Les bons pédagogues rappellent ce principe universel : “En toute chose, soigner les débuts”. En effet, on ne peut pas débuter le golf seul, comme on le fait pour taper dans un ballon ou pour apprendre à courir, car le geste du golfeur est parmis les plus complexes en termes de synchronisation musculaire. L’ignorer c’est s’exposer inutilement. 

Point n°2 : Les conditions d’entraînements

Il y aurait beaucoup à dire sur ce point tant les amateurs sont mal informés dans ce domaine. Pour ne citer qu’un exemple, beaucoup de golfeurs passent 80% de leur temps à taper des balles sur les tapis alors que 80% du score se fait au petit jeu (approches et putting). D’autant que les tapis sont posés sur du béton, dont les vibrations répétées sont délétères au niveau articulaire.   

Mais ce qui est à relever ici c’est l’échauffement avant et les étirements après l’entraînement. Ces 2 points sont largement et universellement oubliés par les amateurs. 

Bien s’entraîner passe aussi par le fait de savoir plier les jambes pour poser une balle sur le tee ou d’utiliser un putter plus long si le dos est sensible (comme le fait Tiger Woods). 

D’une façon générale, c’est en musclant et/ou en assouplissant les parties les plus sollicitées (dos et articulations notamment) très en amont des entraînements, que l’on préviendra au mieux les pathologies de ce sport. 

Point n°3 : Le matériel

Un matériel adapté à son niveau est indispensable pour faire un bon score. On peut être très fier d’arborer un magnifique driver de 45,75” avec un loft de 10,5° dans son sac, ou de magnifiques lames (qui n’en a jamais rêvé ?). Mais si on est 36 d’index et que sa vitesse de swing est de 75mph, ça n’a pas de sens.

Le risque est de forcer inutilement pour faire la distance que l’on ambitionne, alors qu’un choix plus judicieux d’équipement aurait permis de taper la balle plus en rythme, dans un geste plus fluide et moins brutal, pour un bénéfice incomparable. 

Là encore, le regard d’un professionnel, capable d’analyser le geste du joueur pour savoir si son problème est technique ou matériel, se révèle être un atout majeur. 

 

Revenons un instant sur l’enquête britannique puisqu’on y relève quelque chose qui pourrait s’apparenter à un paradoxe, voire à une contradiction… 

A la question : “Quelle est la cause principale de vos blessures ?”, on peut lire : “Les autres”. 

Et à la question : “Quelles sont les blessures les plus fréquentes ?” on peut lire “Le dos”. 

Étonnant d’un point de vue balistique !

Mais au-delà de l’anecdote, ces études sont l’occasion de rappeler quelques règles de bases qui permettront peut-être d’éviter certains accidents dits “idiots” : 

Avant la partie :

  • Éveil musculaire 2h avant la partie (laisser le temps aux fibres musculaires de s’étirer naturellement). 
  • Soigner la position du dos en sortant le sac du coffre de la voiture.
  • 10mn minimum d’échauffement spécifique avant de commencer à taper des balles
  • Organiser sa séance de practice de façon progressive (petits clubs vers grands clubs).
  • Pas plus de 40 balles (un seau), chacune étant tapée avec le même soin qu’elle le serait sur le parcours. 

Pendant la partie : 

  • S’hydrater à chaque trou 
  • S’alimenter avec des aliments non gras 
  • Faire un swing d’essai avant chaque coup
  • Respecter scrupuleusement les règles de sécurité
  • Ne pas négliger les problèmes liés à l’exposition au soleil en se protégeant comme il se doit. 

Après la partie :

  • 10 mn de petit jeu ou de practice
  • Étirements, massage, douche chaude
  • Soigner la position du dos en remettant le sac dans le coffre de la voiture.
  • Last but not least, prendre un verre avec ses partenaires !

On peut retenir que 2 professionnels sont indispensables pour prendre soin de soi et faire en sorte que le golf reste un plaisir :

  • Un professionnel du golf pour choisir son matériel et pour corriger son swing
  • Un professionnel de la santé du sport (médecin du sport, kiné du sport) lorsque des douleurs apparaissent. 

… mais on l’aura compris : le mieux placé pour prendre soin de soi et des autres, c’est le golfeur lui-même.

 

AU FINAL, LA PRATIQUE DU GOLF EST-ELLE BÉNÉFIQUE ?

Plusieures études relayées par le R&A (Royal and Ancient Golf Club of St Andrews) apportent des réponses précises sur ce sujet : 

  • Une étude menée par Maria Stokes OBE de l’Université de Southampton qui porte sur des personnes âgées de 65 à 80 ans.
  • Une étude menée de 2011 à 2020 par le Dr George SALEM de l’Université de Californie du Sud (USC) sur des personnes de 58 à 68 ans.
  • Les recherches menées au Minnesota entre 1989 et 1999 par l’Institut Zeenat Qureshi sur les AVC, portant sur 5900 adultes ayant en moyenne 72 ans (et plus de 65 ans), golfeurs ou non.
  • Enfin, une étude portant sur les 300.000 membres de la fédération suédoise de golf et publiée dans le “Journal scandinave de médecine et de science du sport”

Sans trop entrer dans les détails, voici les 2 enseignements majeurs que nous pouvons en retirer :

1- Pratiquer au moins 150 minutes de golf par semaine augmente l’espérance de vie de 5 ans, quels que soient le sexe, l’âge et le groupe socio-économique des personnes étudiées (golfers vs non golfeurs). 

A titre d’exemple, l’étude de l’Institut Zeenat Qureshi montre la chose suivante :  parmi les 5900 personnes étudiées, 400 étaient golfeurs. Sur ces 400, 15% sont décédés durant l’étude, contre 25% pour les 5500 non golfeurs. 

2- L’on sait depuis longtemps que l’activité physique aide à réduire ou à éviter 40 maladies chroniques, dont le diabète, les infarctus, les AVC (accidents vasculaires cérébraux), les cancers du poumon et du côlon, ainsi que certaines formes de dégénérescence cérébrale.

Mais d’autres études ont mis en évidence la réduction des risques d’infarctus, d’AVC, de cholestérol et d’hypertension artérielle ainsi qu’un mieux être pour les personnes atteintes de Parkinson, spécifiquement dans la population des golfeurs . 

3- 80% de golfeurs se disent satisfaits de leur vie sociale, contre 60% de la population courante. 

En rompant l’isolement ou la solitude et en offrant quelques heures de marche en plein air par semaine (pour jouer ou chercher sa balle…), le golf réduit sensiblement le risque de dépression, notamment chez les retraités.

4- En dehors de toute étude scientifique, les records historiques d’inscriptions, de fréquentation ou de vente de matériel, démontrent que l’attrait du golf est actuellement très élevé, pandémie oblige. 

Le temps libre retrouvé du fait du télétravail offre les créneaux qui manquaient pour pratiquer. Mais surtout, ce sport permet de combiner relations sociales, proximité avec la nature et respect des règles de distanciation, tout en s’affranchissant, le temps d’un parcours, du stress lié aux informations anxiogènes véhiculées par les virus, lesquels ne propagent pas que des maladies. 

En atteste une enquête réalisée aux USA, au Canada et en Grande Bretagne en amont de la journée mondiale pour la santé mentale qui se tenait le 10 octobre 2020. Elle portait sur quelques centaines de personnes inscrites depuis moins de 6 mois dans un club de golf.  Cette enquête confirme que la 1ère raison de l’inscription des nouveaux golfeurs est “le bien-être mental” (55%), devant le challenge sportif (50%), le bien-être physique (38%) et le bien-être social (31%). 

 

Chacun se fera une idée du bilan qu’il doit tirer de ces études.

Mais (nous voilà rassurés), toutes tendent à prouver qu’une mauvaise carte de score n’a au final que peu d’impact négatif sur la santé mentale du golfeur (du moins au-delà du 18ème trou), même si chacun de nous a pu en douter de temps à autre.

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